A/D/O

Un homme en blouson de cuir noir devant une colonne couverte de miroirs dorés.

Spirit of the City.

United Visual Artists et MINI collaborent sur un design guidé par l’émotion.

Quand le fondateur du collectif United Visual Artists (UVA), Matt Clark, parle de l’installation Spirit of the City et du partenariat d'UVA avec A/D/O et MINI, il utilise les adjectifs « organique » et « immédiat » pour transmettre l’idée d’un alignement physique avec le monde naturel. Chacune des 16 colonnes de l’installation Spirit of the City, qui dominent les visiteurs du haut de leurs presque trois mètres, vise à bousculer leur perception personnelle tout en provoquant chez eux une réaction viscérale et électrisante semblable à l’excitation que l’on peut éprouver en explorant une nouvelle ville.
Pour parler du processus de création de l’œuvre, Clark évoque une impression de facilité. Parmi les installations d'UVA, Spirit of the City est celle qui a été exposée le plus longtemps à New York et en Amérique. Avec cette œuvre, l’agence exprime clairement sa capacité à capturer les particularités d’une ville. Le consensus entre UVA et son public, ainsi qu’avec l’environnement qui les entoure, est une caractéristique explicite du processus de création du collectif.
« Je pense qu'on ne peut pas définir l’acte de création par un ensemble de réalisations ou d’étapes. C’est un processus en cours. La création évolue en permanence, et c’est également pour cette raison que j’ai toujours souhaité travailler de manière collaborative. J’aime travailler avec des personnes issues de différentes disciplines, car cela me permet de continuer à apprendre des gens qui m’entourent. »
Des colonnes couvertes de miroirs reflètent leur environnement.
« Ce que je m'efforce de faire, c’est de transcender les barrières et les cases dans lesquelles nous nous mettons souvent nous-mêmes pour nous sentir en sécurité et nous donner une identité, poursuit Clark. Mais je pense que, quand on veut briser les règles, il est essentiel avant tout de les maîtriser parfaitement. C’est souvent pour cette raison que nous collaborons avec des experts d’autres domaines comme les sciences ou les arts du spectacle. »
Cet esprit de collaboration devient partie intégrante du processus d’UVA et influence ses partenaires, quels qu’ils soient. Au cours des premières conversations avec MINI et A/D/O, le dialogue s’est immédiat orienté vers la création d’UVA et le site de l’installation. Clark décrit une volonté de délimiter ce qui est naturel et ce qui est synthétique dans un espace urbain, et d'explorer cette idée. Ce qui l’intéresse le plus, c’est la façon dont cette idée cohabite avec la ville en tant qu’organisme : « comment l’échelle crée une certaine perspective, et peut révéler la nature organique d’une chose qui semble artificielle, comme une ville. »
Image floue de visiteurs passant entre les colonnes en miroirs dorés de l’installation.
Deux jeunes hommes et une jeune femme observent les colonnes en miroirs dorés et les environs qu’elles reflètent.
C’est de cet intérêt que sont nés la recherche et le développement de l’installation, y compris les colonnes modulaires et rotatives en verre doré qui évoquent l’archétype architectural de la ville de New York. Pour décrire les phases initiales de recherche, UVA explique qu’A/D/O a fourni au collectif divers ensembles de données portant sur l’activité de New York, telles que la consommation énergétique et les activités de communication. À un niveau global, ces informations permettent de se représenter le rythme quotidien de la ville. UVA illustre ces schémas selon un cycle de 24 heures et les transpose sur la structure physique sous forme de mouvement.
« Mais il ne s’agit pas d’un projet de visualisation des données, précise Clark. Nous voulons simplement créer un cadre dans lequel s'exprime un rythme – celui de l’installation elle-même. »
L’installation évite l’immobilité potentielle de ces données statistiques car, comme l’explique Clark, « elle n’est pas tant inspirée par les données elles-mêmes que par l’activité humaine collective et la façon dont celle-ci sous-entend un organisme vivant bien plus important. »
« La forme physique et la matérialité rappellent les toits de Manhattan mais, dans cette structure, l’architecture se déplace autour de l’individu autant que l’individu se déplace autour d’elle. Nous cherchons à provoquer les mêmes émotions que celles ressenties lorsqu’on découvre une grande ville pour la première fois. »
Les visiteurs se déplacent entre les colonnes couvertes de miroirs dorés, entourés d’immeubles en briques blanches.
En guise d’illustration, Clark évoque l’un de ses récents voyages à Shanghai, où il ne pouvait pas compter sur des plans en ligne pour s’orienter. Clark explique s’être senti perdu pour la première fois depuis que des outils performants de cartographie numérique font partie de notre quotidien et ce sentiment unique, à la fois excitant et effrayant, était particulièrement fort. « D’une certaine manière, ces outils ont supprimé certaines émotions que nous éprouvons tous lorsque nous nous déplaçons dans une nouvelle ville... Ce que nous espérons éveiller avec cette installation, ce sont les aspects émotionnels très subtils que sont la désorientation, la vulnérabilité, l’aliénation et le sentiment de faire partie de quelque chose de gigantesque ».
À chaque moment de la journée, l’installation se comportera de manière différente – un peu comme le rythme de la ville et ses variations : le mouvement des structures sera parfois chaotique, ou à l’inverse extrêmement subtil ou calme. À certains moments, elles bougeront à l’unisson. En fait, l’objectif d’UVA était de créer une structure architecturale vivante et animée.
Les colonnes couvertes de miroirs dorés offrent le reflet des passants et celui de briques blanches.Les colonnes couvertes de miroirs dorés offrent le reflet des passants et celui de briques blanches.
Un homme portant des lunettes de soleil à côté d’un haut pilier réfléchissant.
À travers des lampes à vapeur monochromes, un clin d’œil à la façon dont on allumait autrefois les lampadaires dans les villes du Royaume-Uni, le travail d’éclairage fait également référence à certains aspects de la ville. Bien que Clark insiste sur le fait que l’éclairage de Spirit of the City joue un rôle plus fonctionnel que dans d’autres œuvres, il précise que celui-ci « fonctionne sur un cycle de 24 heures. La nuit, l’installation prend une tout autre dimension. La lumière artificielle illumine progressivement l’espace, mais ce phénomène est presque imperceptible, à l'instar de la transition entre le jour et la nuit dans les villes. »
« Les informations portant sur l’activité au sein d’un périmètre spécifique de la ville peuvent également en dire long sur sa culture, observe Clark. Il y a quelques années, un documentaire télévisé sur la consommation énergétique au Royaume-Uni révélait que la consommation d’énergie connaissait un pic à un moment bien précis de la journée : tout de suite après la diffusion d’un feuilleton télévisé très populaire. Apparemment, tout le monde regarde ce programme et, une fois celui-ci terminé, tous les foyers font chauffer leur bouilloire pour se préparer une tasse de thé. Et c’est à ce moment précis qu'a lieu le pic de consommation d’énergie. On assiste ainsi à des pics d’activité inattendus, dus aux éléments les plus inattendus. Alors, quand les visiteurs constatent un mouvement inhabituel dans l’installation de l’espace A/D/O, il se peut qu’un événement tout à fait surprenant en soit la cause  ! »
Des passants se déplacent entre les colonnes couvertes de miroirs dorés, entourés de murs en briques blanches et surplombés de poutres métalliques.